Monfils a eu le dernier mot
En deux temps, Gaël Monfils remporte un immense combat physique et mental (6-4, 2-6, 7-5, 1-6, 8-6) contre David Ferrer pour rejoindre Roger Federer en quart de finale.
Gaël Monfils aime les émotions fortes. Il a été servi contre David Ferrer. Après l'interruption à (6-4, 2-6, 7-5, 0-2), il revient près de dix-huit heures plus tard pour finir son oeuvre (6-4, 2-6, 7-5, 1-6, 8-6 en 4h07') et s'offrir un quart de finale face à Roger Federer. L'intensité physique est retombée et il met quelques minutes à retrouver son rythme. Le combat reprend vraiment au cinquième set. A la dimension physique s'ajoute le bras de fer mental. « Sa force a été d'être capable face à un joueur du calibre de Ferrer de se dire : Maintenant il ne faut plus assurer, il faut frapper plus fort et prendre la balle plus tôt. C'est ce qu'il a fait dès le début du match, se réjouit Guy Forget, son capitaine de Coupe Davis. Ce qui est intéressant, c'est qu'il a été capable de tenir sur la durée physiquement et en termes de concentration.»
Pourtant en formidable combattant, l'Espagnol ne lâche rien. Ce n'est pas brillant, mais c'est terriblement efficace. Son talent, c'est l'abnégation. Le Français le sait. Il doit aller chercher le match. Sur un graphique, vous avez une ligne droite pour David Ferrer et des hauts et des bas pour Gaël Monfils. La Monf' doit tenter avec ses grandes gifles de coup droit et quelques revers décroisés et peut souffler avec quelques points gratuits sur son service (11 aces). Mais chaque point se gagne de haute lutte. Cette pression physique constante use les jambes et le cerveau. Chaque micro-baisse de régime est exploitée à 100% à l'instar de la fin de match. Gaël Monfils le sait. Il ne peut pas se permettre de frapper moins fort ou de reculer.«Je l'ai senti baisser légèrement physiquement lors du dernier jeu. Mentalement, on était kif-kif. Je ne faisais pas le malin après mes balles de match. »
David Ferrer utilise tout. S'il était footballeur, ce serait le milieu récupérateur qui gratte les ballons pour faire briller ses coéquipiers. Il ne marque pas, mais il ne donne pas. A 5-3 (40-15) au cinquième set, Gaël Monfils doit conclure. Son bras ne se libère pas avec un coup droit timide et un revers dans le filet. Le «Pou», son surnom, s'accroche, aligne huit points consécutifs pour égaliser à 5-5. Dans les moments de stress extrême, il faut jouer simple et s'appuyer sur ses forces. Gaël Monfils le sait.
Aujourd'hui, il possède suffisamment d'expérience pour ne pas sombrer dans le regret après une troisième balle de match qui s'envole à 6-5 (Avantage Monfils). « J'ai envie de mourir là», soupire le Parisien. Mais il n'oublie pas ses deux victoires en deux matches contre le 7e mondial. L'ascendant psychologique n'est pas une vue de l'esprit. D'un service gagnant, il efface une balle de break à 6-6 (30-40), il vient d'assommer son adversaire. « Je l'ai senti baisser légèrement physiquement lors du dernier jeu. Mentalement, on était kif-kif, souligne le 9e mondial. Je ne faisais pas le malin après mes balles de match. » Sur un jeu blanc et un 57e point gagnant, il peut exulter. Il se frappe sur le coeur et il n'a pas tort. Cette victoire, il est allé la chercher avec son coeur, ses jambes et sa tête. - Sophie DORGAN, à Roland-Garros
Monfils : «Je vais jouer ma vie»
Avant d'affronter Roger Federer en quart de finale, Gaël Monfils oublie sa fatigue et veut rester concentré sur des choses simples : le retour, sa première balle et l'agressivité.
« Gaël Monfils, pour la troisième fois à Roland-Garros, vous allez affronter Roger Federer. En quoi ce match est-il différent ? [/b]
Il est différent parce que c'est un autre match. Cela reste encore un gros match à faire demain (mardi). On ne parle pas beaucoup de Roger, mais il déchire quand même tous ses adversaires depuis le début du tournoi. Cela va être encore un match dur et peut-être même plus dur que ceux que j'ai eus par le passé avec lui. Les médias n'en ont pas trop parlé, mais j'ai eu l'occasion de jouer avec lui au début du tournoi et de voir ses matches, il est en grande forme, il joue très bien et se déplace bien. Certaines personnes l'oublient un peu, mais il est bien présent, mais je m'attends à un match super dur.
Votre victoire à Bercy change-t-elle la donne ?
Pour la confiance personnelle, c'est important. Je sais que je l'ai déjà fait. Pourquoi pas le refaire, encore à Paris, mais sur un terrain rouge ? Cela compte énormément de savoir que j'ai réussi à le battre à Paris. Ca va me permettre de me relâcher un peu plus. Mais chaque match est différent. Avant, j'y croyais aussi, mais je pense qu'il jouait mieux que moi... J'étais peut-être un peu plus jeune dans la tête, c'était peut-être un peu plus dur.
Comment vous sentez-vous physiquement ?
Je suis un peu fatigué. Mais c'est toujours pareil, à partir du moment où on arrive à Roland Garros qui est un endroit mythique, fatigue ou pas, blessure ou pas, on ne calcule plus. Quand je me suis tordu la cheville, j'ai tout de suite dit à mon kiné : « ne panique pas, même avec une cheville cassée, je rentrerai sur le terrain et j'arriverai à courir ». Je suis un peu mort, j'ai des courbatures mais je vais jouer ma vie demain (mardi) encore sur le terrain et on verra bien.
Que devez-vous améliorer pour battre Roger Federer ?
Je ne me concentre pas trop sur mon jeu de fond de court contre Roger. On parle beaucoup de son jeu de fond de court et tout ça, mais il y a une chose très importante : il faut bien retourner contre lui. Ce n'est peut-être pas très impressionnant mais Roger est l'un des meilleurs serveurs au monde. Son service est très dur à lire. Quand on le retourne, il peut prendre l'ascendant tout de suite. En premier, je vais me concentrer sur mon retour et sur mon pourcentage de premières balles. Pour le fond de court, j'aurai le temps de voir s'il me laisse le temps de voir.
Sur quoi devez-vous rester concentré face à lui ?
Il ne faut pas se focaliser sur certains points parce que ça va très vite avec lui, ça défile. Il prend la balle tôt, fait beaucoup de points gagnants. Je vais essayer de me concentrer sur chaque point, chaque retour de service et essayer de le faire jouer un maximum. Il faut que je fasse des choses très simples : être agressif, mais ne pas tenter la mort en coup droit ou en revers. Jouer simplement. Si j'arrive à engager un gros combat physique, ce serait le rêve. » - Recueilli par S.D., à Roland-Garros
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