Toujours marrant Gaël en conférence
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http://christophe-lamarre.blog.europe1. ... e-en-conf/La Monf’ régale en conf’
Publié le 25 mai 2011 par Christophe Lamarre
C’est un joueur spectaculaire. En conférence de presse, c’est souvent un bonheur pour les oreilles. De tous les joueurs français qui fréquentent le haut niveau, Gaël Monfils est peut-être le plus attachant. Drôle et difficile à suivre parfois. Avec lui, pas de langue de bois, pas de faux semblants.
Tout à l’heure, on a eu droit à un feu d’artifice même si on sait très bien qu’il peut mieux faire. Comme sur les courts d’ailleurs.
Son match contre Guillaume Rufin ne restera pas dans les mémoires. Victoire en quatre sets (6/3, 1/6, 6/1, 6/4). Du Monfils poussif et hésitant. Mais il gagne.
On attendait le numéro 1 français pour quelques explications. Pas pour un concours de vannes qu’il est sûr de remporter. Chez lui, le verbe peut-être une arme quand il le décide. Comme son coup droit, il ne fait jamais de prisonniers. Toujours le doigt sur la raquette.
Gaël pointe le bout de son mètre 93. La conférence peut commencer :
« Bon, Gaël, ça a été compliqué. Encore une fois. Vous vous sentez comment ?
- Tranquille, ouais c’est ça, j’suis tranquille…hein ?…mon jeu ?…ben laborieux (il sourit), c’est ce que vous pensez, hein ? Je n’ai pas été bon mais dire ça comme ça…hum…c’est…c’est pas gentil pour mon adversaire. Ce n’est pas très respectueux. » Et là il roule ses grands yeux.
Gaël Monfils parle calmement, facilement. Pas un mot plus haut que l’autre. Pas de phrases toutes faites, son récit varie en fonction de son inspiration et de son envie. Du grand art toujours.
D’ailleurs je soupçonne la sténo-traductrice de se délecter en secret des sorties de la Monf’. Elle ne bouge pas un talon. Elle reste professionnelle jusqu’au bout de ses ongles vernis mais quand même. Je suis sûr qu’elle se marre doucement, pour ne pas nous déranger. Promis, demain je lui demanderai.
La conférence se poursuit. Gaël Monfils sait très bien que l’on est jamais mieux servi que par soi-même. Il s’envoie donc un Exocet, façon boomerang. Bien vu, la presse n’a pas le temps de déclencher le tir de barrage :
« Je sais que mon jeu du moment n’est pas bon. C’est chiant pour moi, chiant pour le public, ça me frustre mais bon…je pense que ça va aller de mieux en mieux. De toute façon, je n’ai pas le choix, plus j’avance dans le tableau plus je vais me frotter à du lourd. Je cherche encore le match-déclic qui me permettra de retrouver mon vrai niveau ».
Une consoeur chinoise tente la manoeuvre de diversion pour détendre une atmosphère qui n’est pourtant pas chargée d’électricité. Le match, le niveau de jeu, elle s’en fiche un peu. Ce qui l’intéresse c’est l’avenir et l’histoire des Internationaux de France :
« Gäel, j’ai deux questions. Roland-Garros, qu’est-ce que cela vous évoque et pouvez-vous me dire aussi ce que vous pensez du futur Roland-Garros ? »
Cinq secondes s’écoulent. Gaël Monfils se redresse, souffle un peu, comme l’élève qui se retrouve collé au tableau en sachant très bien qu’il n’a pas révisé sa leçon.
Il balaie la salle du regard et sourit :
« Euh….le nouveau stade…euh…comment dire…bon franchement…bah en fait j’en pense rien, je ne l’ai pas encore vu ! ». Il écarte les bras, ses larges mains ouvertes, paumes tournées vers le haut :
- Non mais par contre je peux vous donner mon avis sur le Miami Heat (qui a battu Chicago Bulls en play-offs du championnat NBA) si vous voulez, pas de problèmes ! »
La salle se marre. Cette réponse aussi spontanée que sincère est la marque de fabrique du numéro un français. Il poursuit pour essayer quand même d’apporter une réponse au problème posé :
« Bon, j’écoutais une radio, si elle ne s’est pas trompée, je sais qu’il doit y’avoir un toit (rires dans la salle encore)…en…2016, c’est ça? »
Gaël Monfils semble un peu gêné mais au fond il se fiche pas mal de savoir si cet effet de manche a fait mouche. Plutôt que de répondre à côté de la plaque ou de faire semblant, il préfère dégager en touche et parler du match de basket entre le Heat et les Bulls. Il est comme ça Monfils.
D’ailleurs ce soir, peut-être qu’il jouera au poker très tard, peut-être qu’il allumera sa console pour se faire un Virtua Tennis (il est toujours invaincu aux dernières nouvelles). C’est un joueur au sens plein du terme. Déroutant, imprévisible. Un personnage à part.