Dans L'Equipe aujourd'hui:
Monfils trop passif
Pris de vitesse par Lleyton Hewitt, le Français n’a jamais pu bousculer l’Australien.
COMMENT QUALIFIER la défaite de Gaël Monfils (6-3, 7-6, 6-4) contre Lleyton Hewitt ? « Moi, je trouve que c’était un bon match », plaide le perdant. Vue des gradins, la partie avait paru nettement plus médiocre. Au point qu’au bout de deux sets, Boris Becker asséna au micro de la BBC : « Maintenant, Monfils ne joue plus pour gagner, il joue pour la galerie », après quelques improvisations ratées. « Je crois qu’il va être très déçu. Il est resté trop passif », analysait son entraîneur, Roger Rasheed, avant de lui avoir parlé.
Monfils était cependant d’accord sur un point : il avait manqué son premier set, trop attentiste. Mais pas par émotivité, comme on le soupçonnait, pour sa découverte du Centre Court. « C’est le jeu de Hewitt qui m’a gêné, très à plat, très tôt après le rebond. On n’a pas l’habitude de jouer des gars comme ça. » Il fallut attendre qu’il soit contraint de sauver trois balles de break à 2-2 au deuxième set pour retrouver un Monfils dont la balle fait mal.
Ce sursaut le porta jusqu’au tie-break, où il sauva deux balles de set avant d’en laisser filer trois, sur un retour raté, un enchaînement service-volée médiocrement négocié, puis un échange de vingt coups où il ne fit qu’attendre l’attaque adverse. « Ce n’est pas passé loin, il y a deux ou trois points sur lesquels j’aurais peut-être dû être plus agressif, et deux ou trois où j’aurais dû être plus passif. » Ou l’inverse. Autrement dit, sur gazon, le Français ne sait toujours pas sur quel pied danser. Constatation confirmée au troisième set quand, après avoir remonté un break grâce au fléchissement d’Hewitt au service, puis obtenu une balle de break à 4-4, il conclut par un jeu catastrophe ponctué par une double faute. « C’est une défaite dont Gaël va cependant tirer des enseignements positifs, espérait Rasheed. Il commence à progresser sur gazon. »
L’idéal serait que ces progrès se confirment en Coupe Davis contre l’Espagne dans deux semaines, sur rapide, rencontre que Gaël Monfils assure avoir envie de jouer, mais pour laquelle il n’est pas encore sûr de sa sélection. « Il y a beaucoup de gars qui jouent bien », constate-t-il, bon camarade. Dommage qu’il n’ait pas été de ceux-là hier.
Ph. B.