Voilà l'article de l'Equipe:
Monfils dans l’inconnu
Le Français a besoin de compétition, mais Karlovic l’a stoppé net. Les repères font défaut.
GAËL MONFILS avait déjà croisé la route d’Ivo Karlovic une première fois. C’était en 2008, à Monte-Carlo, et le Français avait battu le géant Croate (2,08 m) sans encaisser – fait rarissime ! – le moindre ace de toute la rencontre. Le Français n’en a gardé aucun souvenir. Deux mois plus tard, Gaël Monfils avait croisé une deuxième fois la route d’Ivo Karlovic. C’était à Nottingham, sur gazon, où le Croate avait alors fait parler la poudre et imposé toute sa puissance de feu (11 aces). Le Français n’en a gardé aucun souvenir. Hier, à Cincinnati, Gaël Monfils a croisé la route d’Ivo Karlovic pour la troisième fois. Et il y a fort à parier que le Français,une fois de plus, n’en gardera pas le moindre souvenir. « Et puis, d’ailleurs, se souvenir de quoi ? rigolait-il après sa défaite en trois sets (6-4, 6-7, 7-6). Qu’il a de mieux en mieux servi pendant le match, qu’il m’a balancé vingt et un aces dont cinq sur les sept points du dernier tie-break ? Quand on a dit ça, on a tout dit. » Tout est dit et rien n’est vraiment dit à la fois. Car Gaël Monfils, venu à Montréal puis à Cincinnati pour engranger un maximum de matches avant l’US Open, ne peut que se retrouver des plus frustrés. Et des plus perplexes quant aux choix à effectuer à deux semaines de l’ouverture de l’US Open.
« Le peu que j’ai pu faire, j’ai bien aimé »
« Là, à chaud, je serais bien en peine de vous dire ce que je vais faire dans les quinze prochains jours, avoue-t-il. Quand je suis arrivé à Montréal, j’avais six jours de tennis derrière moi. Là, j’en ai beaucoup plus et je me sens super bien à l’entraînement. Est-ce que ça vaut le coup d’hypothéquer tous ces progrès en allant m’inscrire dans un tournoi de plus (New Haven) où je risque de connaître une frustration semblable à celle que j’ai éprouvée aujourd’hui contre Karlovic ? D’un autre côté, quinze jours à attendre pour NewYork, c’est un peu long. Faut voir…» Pour Paul-Henri Mathieu, le choix le plus judicieux serait de ne pas se risquer à un enchaînement de tournois qui pourrait tout remettre en question. « À partir de mon expérience, je sais qu’il vaut mieux s’abstenir d’enchaîner tous les tournois avant l’US Open, rappelait-il. Il y a deux ans, j’avais voulu tout faire, j’étais arrivé en demi-finales à New Haven et j’avais explosé au premier tour à Flushing. J’étais arrivé là-bas complètement cramé. Et je me suis dit : plus jamais ça ! » Reste que, pour Gaël Monfils, privé cet été pendant deux mois de compétition à cause d’une entorse au poignet, la perspective de se voir privé de repères avant d’affronter le grand juge de paix new-yorkais risque aussi d’être fatale. « J’ai conscience du danger. D’autant qu’avec Roger (Rasheed, son coach) on était d’accord pour dire dans les vestiaires après le match que, en dépit des circonstances, je m’étais tout de même pas mal débrouillé. Physiquement, je suis bien, je n’ai mal nulle part et, quand on a pu faire un peu de jeu, j’étais plutôt bien sur la balle. C’était bien parti au Canada (une victoire contre Safin avant de perdre contre Ferrero) et c’est dommage que le fait de rencontrer d’entrée un joueur comme Karlovic ne m’ait pas permis de poursuivre sur ma lancée. Mais le peu que j’ai pu faire, j’ai bien aimé. » Alors, la route de New York passera-t- elle par un nouveau long tunnel d’entraînement ou par New Haven ? Une chose est sûre : Ivo Karlovic et ses vingt et un aces ne l’auront guère aidé, hier, dans sa réflexion.
MARC BEAUPÈRE