« C’est de ma faute »
GAËL MONFILS sait pourquoi il a « savonné » dimanche contre le géant américain John Isner, 147e mondial. John « le Building » Isner, wildcard ici, n’avait plus battu un membre du top 25 depuis juillet 2007. C’est tombé dimanche sur Gaël Monfils (6-7, 6-1, 6-4), coupable de s’être déconcentré après un premier set très sérieux. Bobo à un genou, préparation déréglée par la Coupe Davis, faute personnelle, le 9e mondial fait le bilan.
« PREMIER SET, ÇA VA. Mais ensuite, on vous voit vous disperser et disparaître peu à peu…
– Je n’ai pas fait un grand match. J’en étais même loin. Mentalement, je n’y étais pas. Dans un match traquenard comme celui-là (Monfils n’a pas eu une seule balle de break), ça ne pardonne pas. C’est de ma faute, tant pis pour moi.
– Savez-vous pourquoi vous avez “quitté” ce match après un set ?
– Je n’ai pas pu me préparer normalement pour ce tournoi et j’ai payé les pots cassés. De toute la semaine, je ne me suis entraîné que trois-quarts d’heure avec Lapentti et une heure avec mon coach. J’ai une inflammation à un ligament du genou gauche (il portait un bandage sur le court). Ça remonte à Ostrava (Monfils était remplaçant en Coupe Davis) et, il y a deux jours encore, j’avais vachement mal rien qu’en marchant. Avec des anti-inflammatoires, la douleur s’est calmée, le genou a dégonflé, mais c’était pas non plus la joie. Bref, une blessure, une préparation pas super, et voilà le résultat.
– Ces six derniers mois, vous ne perdiez plus de bonne heure dans les tournois. Mais à Marseille et ici, vous avez chuté d’entrée. Vous sentez-vous dans le creux ?
– Euh, non, c’est pas ça l’histoire. À Marseille, contre Paulo (Mathieu), je n’étais pas dedans. Ici, bof, pas terrible. Cela dit, je n’ai pas non plus paumé contre des peintres. Heureusement, au milieu, il y a eu cette finale à Acapulco. Je ne cherche pas d’excuse, mais, en arrivant ici, je n’avais pas assez de tennis derrière moi. Je sentais venir la tuile. Maintenant, j’aurais dû être plus haut mentalement. Je suis un peu en colère contre moi, contre cette fausse préparation… C’est chiant.
« Je veux gagner Roland-Garros »
– Pensez-vous que le fait d’avoir été remplaçant en Coupe Davis vous a porté préjudice ici ?
– Remplaçant, on joue sans jouer, on s’entraîne à petites doses ; c’est certain que ça n’aide pas à arriver dans les conditions idéales pour un Masters Series. J’ai aimé cette expérience, j’ai vraiment aimé, mais là je la paie. Comme quoi, quand on dit que je n’ai pas joué le jeu de l’équipe de France en allant au Mexique… Je fais juste remarquer qu’aujourd’hui c’est moi qui paie. Je suis fier d’avoir été appelé en équipe de France, c’était un honneur, mais cela a nui à “ma pomme” ici. Attention, j’assume ce qui m’est arrivé à Indian Wells. Je mets juste les points sur les “i”.
– Paradoxalement, depuis que vous êtes entré dans le top 10, il y a trois semaines, ce n’est pas joli joli. Y a-t-il un lien ? Ressentez-vous une pression nouvelle ?
– Non, ça ne me stresse pas. Encore heureux ! Le but n’est pas d’entrer dans le top 10, c’est d’aller plus haut que 9e, que 8e, que 5e… Mais c’est vrai que depuis que j’y suis, je prends des claques. Le plus dur, c’est d’y rester dans ce top 10. Regardez : là, je suis 9e et qu’est-ce que je vois ? Je vois que les deux mecs derrière moi (Verdasco et Tsonga), c’est des monstres. Donc, c’est chaud quand même.
– Avez-vous déjà Roland-Garros dans un coin de votre tête ? Là-bas, vous aurez gros à défendre avec cette demi-finale l’an dernier…
– Je ne raisonne pas “défensif”. J’en ai parlé récemment avec Jo (Tsonga) et on est sur la même longueur d’onde. À Melbourne, Jo n’était pas dans l’esprit du mec qui devait défendre sa finale de l’année d’avant. Il était là pour gagner le tournoi. À Roland-Garros, j’aurai cette même mentalité.
– Vous pensez pouvoir gagner Roland-Garros.
– L’an dernier, j’ai vécu un truc méga fort, et la prochaine fois je veux que ce soit encore au-dessus. Moi, je veux gagner Roland-Garros. Pour ça, une fois le tournoi de Miami terminé, on va attaquer direct sur l’opération Roland-Garros avec une bonne préparation physique en Suisse.
– Beaucoup pensent que vous pouvez être le premier à battre Rafael Nadal à Roland-Garros.
– Pourquoi pas ? Mais avant de l’atteindre, il faut déjà battre ses lieutenants, ses sous-chefs et, entre guillemets, c’est plus dur. Un premier tour, contre un bon Monaco, c’est hard. Un quart de finale contre lui (Verdasco passe à proximité), c’est super hard. Mais je pense être aussi un de ces lieutenants de la terre battue. Je pense faire peur à deux, trois personnes. »
FRÉDÉRIC BERNÈS et FRANCK RAMELLA
Il y a aussi un petit paragraphe sur cette histoire de Coupe Davis, je vais le mettre dans l'autre thread sur le sujet.