de Truc » Jeu Mai 24, 2007 19:32
Voilà l'article qui est paru aujourd'hui dans l'Équipe et auquel je faisais référence:
Monfils défie Roddick
Totalement solitaire, le Français affronte aujourd’hui le numéro 3 mondial en quarts de finale.
« ALLÔ ! » À l’autre bout du fil la voix de Gaël Monfils résonne d’une note enjouée : « J’avais perdu mon téléphone portable toute la journée. Il est tombé de ma poche dans une voiture. J’ai reçu mille appels, mais on vient seulement de me le rapporter. » Après une dure journée de labeur, le Français a fait « room service » dans son hôtel « perdu au beau milieu de la campagne, avec une télé mais que des chaînes autrichiennes ». Mais, comme il avait envie de se dégourdir les jambes, il a sauté sur un vélo, dévalé la pente jusqu’à un bar ouvert encore à 21 heures à l’autre bout de la ville, histoire de se changer les idées, avant une soirée foot et la grande journée qui l’attend aujourd’hui : « Je suis tout seul, comme un dingue, raconte-t-il, même s’il s’est échauffé le matin avec Mathieu Montcourt. Ç’a des bons côtés : je me ressource ! Je suis arrivé à Pörtschach en voiture avec un chauffeur du tournoi de Zagreb. Et, depuis, je suis à fond dans le tournoi. Je ne me pose aucune question, je suis là, tranquille, je ne me prends pas la tête. »
« J’ai choisi de me battre »
Un petit souci l’inquiète toutefois légèrement : « Je peine un peu ; je ressens une douleur au pied et à la hanche. Il faut dire que ceux qui m’ont trouvé statique ces derniers temps seraient étonnés : je cours partout, je bouge, je saute, je me bats, je fais de la mobylette… J’ai super envie de jouer, en même temps, je m’interroge : est-ce que je ne vais pas arriver à Roland-Garros un peu carbo ? Il paraît qu’on m’attend là-bas. Dans un sens, c’est bien d’être ici tout seul. Mais que c’est dur, toute la journée ! C’est fatigant de s’occuper de tout. » Pour la première fois depuis le début de l’année, « la Monf » a gagné deux matches de suite. « On dit que j’ai battu un “pas fort sur terre” (le Coréen Yung Taik-lee, après Sam Querrey au premier tour), mais le mec n’est pas nul. Et le match a été dur : je breake, il débreake… Bon, ça, ça va, mais à 6-5 sur son service, j’ai quatre balles de set, il joue super et les sauve toutes ! Début du tie-break, je fais une double faute… Et là, tu n’as personne à regarder. Tu hésites entre t’énerver et déprimer. J’ai choisi de me battre. »
Du coup, Monfils a gagné le droit d’affronter Andy Roddick, l’homme qui a été découvert par… Tarik Benhabiles, son futur coach, avec lequel il dialogue par téléphone, texto ou Internet : « Quand j’ai un moyen de communication sous la main ! » Il n’imagine pas une seconde que Tarik lui fasse la surprise d’un déplacement. Il sera encore tout seul aujourd’hui : « J’ai envie de jouer, sinon, j’aurais déjà perdu depuis longtemps ! Envie de donner tout ce que j’ai. Ma solitude fait que je suis bien en face de la réalité. Va falloir envoyer ! Je vais avoir Roddick en face, mais ce sera ma gueule contre ma gueule. Je l’ai vu jouer, il joue bien, il glisse bien. Ça va être un gros match. Je l’ai battu l’an dernier à Rome. Je sais que je peux le battre. Je vais tout faire pour… » Mais voilà qu’il est temps de raccrocher : « À l’aller, je me suis bien marré (sous entendu “à vélo”) mais, là, j’ai toute la pente à remonter. » Il ne croit pas si bien dire.
DOMINIQUE BONNOT