Voilà l'article dans l'Equipe aujourd'hui, mais leur journaliste sur place cette semaine est décidément pas terrible, :
Monfils va vite savoir
Pour son premier tournoi depuis la mi-mars, le Français affronte aujourd’hui l’ogre Rafael Nadal.
AU LENDEMAIN d’un mercredi de demi-RTT qui le vit passer un tour sans jouer ou presque en raison de l’abandon de Philipp Petzschner, après seulement onze minutes de match, Gaël Monfils a largement rattrapé le temps perdu, hier, contre Garcia-Lopez qu’il domina en deux sets (7-6, 6-4), mais en 2 h 10, quand même ! Comme son patronyme le laisse entendre, le garçon est on ne peut plus espagnol et, comme sa prise de raquette le laisse supposer, la terre battue est son jardin depuis l’enfance. Monfils était prévenu, lui qui l’avait battu sur la terre de Casablanca en 2008, mais seulement au terme de trois sets de dur labeur. C’est tout naturellement, donc, que les débats débutèrent en pure férocité. Et à ce petit jeu, Gaël Monfils, qui dispute cette semaine son premier tournoi depuis la mi-mars, a montré un niveau de jeu surprenant, servi par un physique plus surprenant encore ! Certes, les réglages manquent un peu de précision et souvent un excès de précipitation vient ruiner de louables efforts mis à la construction des points. Pour preuve ces quinze balles de break gâchées sur les seize qu’il obtint. Mais indéniablement, le bougre est sur la bonne voie. Roger Rasheed, qui plusieurs fois sourit pendant la partie aux ébats de son joueur, ne nous démentira pas.
« Contre Rafa, je vais recevoir ! »
Confronté à un adversaire qui adore le contre, Monfils eut surtout le mérite d’alterner les tactiques. D’abord concentré sur son placement pour offrir le moins d’ouverture à Garcia-Lopez, il monta progressivement en puissance, lâchant quelques belles mines en coup droit et en retour de service. Moins fructueuses furent, en revanche, ses multiples tentatives d’amorties. Mais globalement, Monfils domina du début à la fin cette partie, contre un joueur qui pointe tout de même à la 39e place mondiale. Ce qui, dans l’état de faible préparation du Français, le rangeait dans la catégorie redoutables.
C’est pourquoi sa mine moins avenante que les jours précédents put surprendre à son arrivée en salle d’interview. « Je remercie Garcia-Lopez de m’avoir offert un bon combat physique, mais je ne peux pas dire que je suis satisfait de mon match, expliqua Monfils. J’ai alterné beaucoup de choses, mais je n’ai pas réussi à faire ce que je voulais. Si vous me demandez ce que je retiens de positif de ce match, je dis : rien. » Une analyse bien sévère qui s’expliquait peut-être par le pedigree de son futur adversaire : Rafael Nadal, lui-même. Pour avoir mordu cinq fois la poussière en six matches joués contre le meilleur joueur de terre battue du monde, Gaël Monfils s’était sans doute dit qu’il valait mieux tempérer tout optimisme galopant. « Je ne sais pas ce que va être ce match, car chaque fois c’est différent. Ce que je sais, c’est ce que je vais prendre ! C’est sûr, je vais recevoir ! Rafa, on le connaît tous, mais moi comment serai-je ? Peut-être que je vais pouvoir tenir cinq heures (!) et le bombarder de mites et de lattes jusqu’à le faire craquer. Je ne veux pas me rappeler de notre dernière confrontation à l’US Open (Monfils avait gagné le premier set au tie-break avant de s’incliner sèchement dans les trois manches suivantes). Je vais essayer de mettre un truc en place, mais ce n’est pas du tout sûr que j’y parvienne. »
Quelques minutes plus tôt, Nadal avait également balayé ce fameux match de Flushing Meadows. Tout en évoquant avec respect son adversaire qu’il tient visiblement en grande estime. « Je ne me rappelle pas grand-chose de notre match à l’US Open, avoua-t-il. Mais Gaël est un adversaire différent des autres. C’est sans doute le joueur le plus rapide du circuit. Il a un gros service et peut changer de stratégie brutalement : passer de la défense à l’attaque. Donc, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre. Je suis très heureux de le voir de retour sur le circuit. » Personne ne sait à quoi s’attendre, mais il reste une certitude. Une seule. Au terme de ce match, Monfils, qui était venu à Madrid chercher des repères, saura précisément où il en est à une grosse semaine du début de Roland-Garros.
PHILIPPE MARIA