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Aïe, aïe, aïe,Monfils !
Plus grave que prévu, la blessure du Français risque fort de l’empêcher de jouer à Roland-Garros.
« FRANCHEMENT, C’EST SUPER compliqué à expliquer. Je ne saurais pas exactement mettre des mots dessus. C’est un truc assez grave. » Gaël Monfils n’a pas fait médecine, mais il en sait trop pour faire comme si de rien n’était. Il ne connaît peut-être pas le nom barbare de sa blessure au genou gauche, mais il sent bien que ce machin chose peut le priver des Internationaux de France. C’est en tout cas suffisamment grave pour que la rumeur d’un forfait pour le deuxième tournoi du Grand Chelem de l’année passe de bouche à oreille toute la journée d’hier à Roland-Garros. D’ailleurs, la grimace de son pote mousquetaire Gilles Simon ne laissait que peu de place au doute. « Oui, c’est possible que je ne puisse pas jouer Roland-Garros, admettait plus tard le 10e mondial au téléphone. Mais je veux garder espoir. Tout va dépendre des prochaines radios que je dois passer dans deux semaines. Les premières IRM (imagerie à résonance magnétique), la semaine dernière, n’étaient pas bonnes. Je suis au repos, je ne peux rien faire qu’attendre. » Pour Monfils, c’est évidemment un terrible coup de clim sur le museau. Demi-finaliste l’an dernier à Paris, il perdrait beaucoup de points et encore plus d’illusions si ce forfait se matérialisait. Or il semble qu’on s’oriente vers la version moche du scénario. La preuve, Monfils nous disait hier que « l’hypothèse d’une opération avait été émise ». D’après Bernard Montalvan, le médecin de la FFT qui le suit, « elle n’est pas la solution appropriée ». Sans avoir fait médecine, on croit savoir qu’on n’opère pas une tendinite avec un bistouri. « Oui, en fait, c’est plus grave qu’une tendinite », corrigeait hier Monfils.
« Quand il était ado, Gaël a déclenché une maladie de croissance, appelée maladie d’Osgood-Schlatter, précisait le docteur. Plein de sportifs ont connu cela. De temps en temps, cette zone inflammatoire du tendon rotulien se réveille. C’est le cas aujourd’hui. Cela lui était déjà arrivé fin 2007 (et son absence, liée aussi à d’autres pépins, avait duré jusqu’en mars, ce qui rend très pessimiste pour une guérison à temps pour Roland-Garros). » Dans son contre-la-montre vers Roland-Garros, il est J – 34. Et il n’y a pas de médicaments ni de chirurgie contre le temps qui passe.
La première fumée, avant le feu, fut aperçue à Indian Wells. La semaine dernière, à Monte- Carlo, le bulletin de santé a d’un coup tourné vinaigre. Monfils n’y a fait que passer, battu par Janko Tipsarevic (6-3, 6-1), mais, avant de s’en aller, il avait reparlé de ces problèmes de genoux, qu’il avait qualifiés de « tendinites ». Depuis, entre le « six à huit semaines d’indisponibilité », prédiction émise par Guy Forget, jusqu’au désengagement des tournois de Barcelone, Rome et Madrid, la situation a empiré chaque jour. Classifié comme un des meilleurs sous-chefs de Nadal sur terre battue, Monfils a d’ores et déjà fait une croix sur tout ou partie de la période supposée la plus favorable dans son calendrier. Certes, il sait qu’on peut réussir à Paris en venant de très loin. L’an dernier, il avait complété le dernier carré avec MM. Nadal, Federer et Djokovic en ayant joué le Challenger de Marrakech deux semaines avant et craint un forfait (à cause des adducteurs) jusqu’au dernier moment. Mais, cette fois, le problème a l’air plus épineux. Presque fatal.
FRÉDÉRIC BERNÈS