Réactions dans L'Equipe, les biscoteaux font sensation:
Monfils, c’est costaud
Le Français, vainqueur expéditif du Tchèque Hernych (6-2, 6-2), a été aussi impressionnant que ses biceps.
DOHA – (QAT) de notre envoyé spécial
AVEC SA SUPERBE coupe pétard, le Gaël a décoiffé. Le vent du désert soufflait fort. En d’autres temps, le nouveau numéro 13 mondial aurait laissé s’envoler quelques jeux dans ce vent mauvais. Rien de tel hier sur le central. Dès cinq heures, le thermomètre, aidé par le zéphyr, imposait une petite laine. Pas pour Monfils, qui évoluait avec ses habituels tee-shirts sans manches. D’où la vision impressionnante de ses biscoteaux. Le garçon s’est étoffé par rapport à sa dernière sortie officielle. C’était fin octobre, au deuxième tour de Bercy, pour une sèche défaite contre Nadal. Deux semaines de travail intensif en décembre avec son coach australien Roger Rasheed sont passées par là. Le Tchèque Jan Hernych (86e à l’ATP) fit long feu face au Français affûté. Son jeu académique n’avait aucune chance de déstabiliser un Monfils solide à l’engagement (70 % de premières balles, 7 aces, 2 doubles fautes) et bien en jambes. Un petit moment d’inattention, alors qu’il servait à 5-1 pour le match, lui coûta un break anecdotique. Le numéro 3 français ne pouvait pas mieux commencer l’année, même en relativisant le test par les limites de son adversaire (qui l’avait poussé aux trois sets en 2005 à Lyon). « J’ai aimé ma constance, résumait l’intéressé. Avec le vent, les conditions étaient un peu difficiles, mais je ne suis jamais sorti de mon jeu. » Les sautes de courant, les balles dans les bâches sont à ranger au rayon « antiquités ». Il est vrai que le « boss » veille au grain, désormais. Son entraîneur a apprécié cette entrée en matière : « Rien à dire, résume Rasheed. Gaël a été dedans tout le temps. Il a fait ce que j’attendais de lui. Il a concentré son énergie dans la bonne direction. » Le duo semble branché sur la même longueur d’onde. Si les muscles du joueur sont de plus en plus spectaculaires, que dire du coffre du coach ? Le sweat-shirt ne peut cacher une charpente impressionnante. Rasheed se régale à l’idée de ce qu’il va pouvoir faire avec le joyau dont il a hérité depuis quelques mois.
Pas rouler sa mécanique
« Gaël est un athlète naturel. On n’a encore rien vu. Rendez-vous dans un an. » Mais le body-building n’a rien à voir avec le tennis. Monfils le sait bien. Il ne veut pas rouler sa mécanique. « C’est vrai que j’ai beaucoup bossé ces quinze derniers jours avec Roger (à prononcer “Rodgeur”, comme Federer). L’idée, ce n’est pas seulement de prendre de la puissance, mais surtout d’empêcher les blessures. On voit surtout mes bras, mais les cuisses, c’est pas mal non plus. »
Il y a un an, il soignait une blessure au genou qui allait lui coûter deux mois d’absence. Le revoilà ainsi sur la terre de ses exploits de 2006 quand il avait poussé Federer au tie-break du deuxième set en finale. Pour réussir à se hisser à nouveau en finale, il est condamné à un exploit dès les quarts. La logique voudrait que Nadal soit à ce moment-là sur sa route. Même si Santoro espère sortir un nouvel exploit de sa boîte à malice aujourd’hui face au Majorquin. Avant ce choc éventuel, Monfils devra s’imposer demain dans un duel franco-français. Nicolas Devilder a été un facile vainqueur du régional de l’étape, le Qatarien Abdulla Hajji, qui n’est même pas classé à l’ATP. Sans faire fi de la menace que représente le joueur dacquois (no 72 à l’ATP), qu’il n’a jamais rencontré sur le circuit ATP, Monfils espère très fort des retrouvailles avec Nadal. « Difficile de trouver un test plus intéressant », salive-t-il d’avance. Il a envie d’éprouver sa nouvelle cylindrée face à la Rolls du circuit. Une victoire le rembourserait d’emblée de l’investissement fait pendant les fêtes de fin d’année.
« Comment ça, s’amuser un peu pour les fêtes ? » Il s’étonne de l’incongruité de la question avec ses grands yeux scintillants. Enfin, oui, le 25 décembre, j’ai été invité à déjeuner chez Roger. À part ça, ça a été boulot, boulot. »
Pas de cotillons pour la Monf’, qu’on se le dise !
PASCAL COVILLE