MONFILS FAIT FAUX BOND
FRANCK RAMELLA
Gaël Monfils n'a joué qu'un match en trois ans à Bercy, perdu de manière très étrange, au premier
tour en 2015 face à Benoît Paire. À Paris, le Français ne se montre qu'en coulisses ces derniers
temps. Il y a deux ans, pour confesser longuement les dessous d'une saison ratée, déjà. L'an
dernier pour convoquer, alors qu'il était forfait pour se préserver avant son premier Masters, une
conférence de presse afin de répondre aux incompréhensions générées par son renoncement en
demi-finales de la Coupe Davis, en promettant une ouverture médiatique. Sixième mondial en fin
de saison dernière, il n'est plus très loin de sortir du top 50 (45 ) au terme d'une année biscornue
où il aura souffert d'une perte de confiance et de multiples pépins. Le dernier, survenu à un genou
à l'US Open, aura été fatal. Venu sans repères à l'AccorHotels Arena après deux mois , il a
ressenti hier une douleur à l'entraînement qui l'a contraint au forfait. Encore. Bercy, maudit.
2017 « Il y a plein de choses que j'ai mal faites »
« Ma saison, elle est complètement galère, avec beaucoup de blessures, beaucoup d'absences…
Le meilleur souvenir de l'année, ça reste l'Open d'Australie, d'entrée de jeu, où j'ai bien joué. Oui,
je ne suis pas bien rentré dans le match contre Nadal là-bas, en huitièmes de finale. Il y a peut-
être là un petit cap à franchir, je ne sais pas. Mais je ne prends pas un petit Rafa, non plus. À un
moment, le gars, il était plus fort, je n'ai pas de problèmes à le reconnaître. »
Pour la suite, Monfils évoque des « petites choses » plus personnelles, sans vraiment préciser, qui se sont rajoutées à
celles qui « n'ont pas tourné en sa faveur ». « Il y a plein de choses que j'ai mal faites, c'est sûr à
100 %. Ces huit dernières semaines, depuis mon abandon à l'US Open, j'ai eu le temps de
réfléchir… Pourquoi j'ai lâché sur ça, pourquoi telle décision m'a amené à ça ? Cette année, j'ai
mal servi, je n'ai pas assez utilisé mon coup droit, je n'ai pas fait tant que ça d'enchaînements vers
l'avant. Au printemps, j'ai mal au tendon d'Achille, et on pousse grave dessus quand on sert ! Et tu
te retrouves comme ça à Roland. Tu ne peux pas trop te placer comme tu veux, c'est une vraie
galère. Peut-être que jouer Roland, c'était une mauvaise décision. Comme celle d'avoir repris trop
tôt à Munich un peu avant. C'est ce genre de petites choses qu'il faut changer, ne pas vouloir
reprendre trop vite…
Cette année, ça a été un cercle infernal. Cet été, j'ai compensé de partout. Et je me blesse au
genou, une déchirure au tendon quadricipal du genou droit, un truc nouveau… La meilleure
décision, c'est aujourd'hui (hier) que je l'ai prise. C'est de me dire : t'as une douleur, va pas tenter
le diable, Gaël. »
LA FAUTE À DJOKO ? À NOAH ? « Avec Yannick, ma relation
est très bien, normale »
En 2016, tout semble cadré dans la galaxie Monfils jusqu'au moment où il délivre, en demi-finales
de l'US Open, face à Djokovic, un début de match très étrange. Mais le joueur nie cette théorie
d'une rencontre qui l'aurait fait replonger dans une guéguerre intérieure. « Je n'ai pas trouvé ce
match incroyable. Je l'ai revue, cette rencontre, vous pensez bien… Il y a 5-0 pour Novak et je
joue normalement. Donc on va me parler de ces trois jeux que j'ai gagnés, en plus avec une balle
de break pour revenir à 5-4… Tous les spécialistes me ressassent ces trois jeux, on reste focalisé
dessus. Quand je finis par prendre le troisième set, je ne mets que des lattes, mais là, personne ne
me dit que je fais n'importe quoi… »
En début d'année Monfils, sanctionné par Noah, n'est pas
sélectionné pour le premier tour de Coupe Davis à Tokyo. En interne, on entend que le joueur
aurait mal vécu le malaise. Là encore, il nie. Quelles que soient les incompréhensions, il kiffe son
capitaine, même s'il n'a joué en deux ans qu'une rencontre, la première, à Baie-Mahault.
« Les
médias ont surenchéri dans cette histoire. Avec Yannick, ma situation est très bien, normale. On
est cool, quoi. Ça va. Yannick, ça reste Yannick. Il m'a appelé, il prend de mes nouvelles. Je n'ai
pas de frictions avec lui. Peu importe ce qui transparaît. Je ne me suis pas engueulé avec lui. Yan,
j'ai beaucoup d'admiration pour lui, c'est vous (les médias) qui m'avez fait mal vivre un truc qui
n'existe pas. C'est ça qui est pesant. Je suis content de mon capitaine. »
LA FINALE FRANCE-BELGIQUE « Les gars, laissez-moi
tranquille »
Monfils a-t-il cru au retour ébouriffant en cette fin de saison 2017 pour réintégrer l'équipe de
France avant la finale de la Coupe Davis (24-26 novembre à Lille contre la Belgique) ? Il a attendu
de voir.
« Après l'US Open, j'ai recommencé à faire du sport moins violent et des entraînements
guidés où l'on sait où va la balle. J'avais repris il y a trois semaines, tranquille, à Genève, avec Jo (Tsonga).
Mais après, j'ai pris mon temps car j'ai eu à nouveau assez mal. J'ai fait un peu de padel
pour ne pas perdre le rythme. Mais entre le padel fun et les matches, c'est pas pareil ! Pas facile
de se jauger. Samedi à Bercy, j'ai joué deux heures, j'ai été obligé de me pousser pour savoir, pour
aller chercher les repères que je n'avais pas. Ce n'est pas passé. Rideau ! »
Du coup, Monfils était surpris d'entendre, avant d'arriver à Paris, qu'on pouvait penser à lui pour la finale de la Coupe
Davis.
« Je n'ai pas beaucoup joué, pas forcément bien, et je ne suis pas dans le top choix du
capitaine, mais c'est vous (les médias) qui me mettez dans le coup, alors que moi, j'essaie déjà de
pouvoir jouer. Eh les gars, j'ai pas joué depuis l'US Open ! C'est ça que je n'arrive pas trop à
comprendre. Et dire que, de temps en temps, on me dit que je ne suis pas lucide… On parle de
moi alors qu'il y a Jo en finale face à Lucas, Manna qui fait trois sets avec Fed qui joue très bien,
Gilles qui se remet à bien jouer et Richard qui joue bien aussi. Les gars, laissez-moi tranquille. Je
reviens à Bercy d'abord pour moi. J'ai fait une saison de merde et je pensais surtout kiffer un peu.
Après, s'il y avait deux-trois matches "pam pam" (sic) bien sûr que j'aurais eu le couteau (entre les
dents), bien sûr que j'ai envie de jouer en Coupe ! »
2018 « Il va falloir changer
mon approche »
, dit-il. Dès la semaine prochaine, Monfils
poursuit sa rééducation, et reprendra bien plus tôt que d'habitude la préparation foncière. Le
docteur Montalvan lui a dit qu'il serait préférable de la faire dans un pays chaud, donc à Miami, sa
base arrière préférentielle. Hier, Monfils ne savait pas encore quand il allait repartir aux États-Unis.
S'il est encore en Europe, il est acquis qu'il viendra supporter la France en finale de la Coupe
Davis à Lille, dans trois semaines et demie. Pour 2018, le début du programme est déjà connu.
« Il va falloir changer mon approche, réajuster ma manière de jouer, se ressentir plus fort
physiquement, menta- lement et tennistiquement »
«Je commencerai à l'Open d'Australie, comme d'habitude. Et je repars avec le coach (Mikael
Tillström).
Mais il ne sera pas là toutes les semaines, j'en ferai un peu moins avec lui. Je serai un
peu livré à moi même, parfois… »
On comprend que Tillström sera moins là, vu qu'il n'était déjà pas présent tout le temps je me demande ce que ça va donner. Et il ne parle pas de nouveau staff (kiné?) pour le moment.