de bestennis » Sam Jan 14, 2017 19:55
Gaël Monfils s'est préparé à Miami
Le 14/01/2017, mis à jour le 14/01/2017 05:00:00
Le n° 1 français nous a reçus le mois dernier dans son camp de base de Floride, où il a affûté ses armes avant le premier tournoi du Grand Chelem de la saison.
Franck Ramella
MIAMI - À Miami, on retrouve Gaël Monfils à huit heures du matin, pétantes. Prêt pour les étirements, ou les massages, ou la muscu, ou les séries de 400 m, qui précéderont la séance de tennis pour boucler la matinée gargantuesque avant l'après-midi, plus ou moins libre. On en connaît certains qui froncent déjà le sourcil autour de cette nouvelle légende de l'homme matinal. Même l'intéressé en sourit. « Si les gens voient ça, ils vont dire : "Monfils, Miami, 8 heures du mat'. Jamais. Improbable. Ta gueule. Zéro !" » C'est pourtant vrai. Fini l'indécrottable lève-tard dans cette studieuse intersaison. L'an dernier, le team Monfils, avec le coach Mikael Tillström et le préparateur-masseur Gaëtan Olivier (*), avait imaginé les choses différemment, avec deux sessions de deux heures entrecoupées par le lunch, avant que l'entraîneur ne réalise que le planning étalé ne convenait pas forcément au poulain. « Les longues journées, ça rendait les choses mentalement plus lourdes pour lui. Et Gaël n'a pas tant besoin de tennis que ça pendant la préparation. »
Il fallait densifier, comme pour se tester sur cinq heures d'effort d'affilée en vue des futures joutes en cinq sets, en fatiguant le joueur bien en peine de rajouter du paddle ou du basket, ses péchés mignons du rab en effort parfois si dangereux... Il fallait montrer, aussi, que le team, qui fête sa première année d'existence, savait s'ajuster après une première saison réussie. On tenait là notre premier petit secret (on reste modeste) autour d'une cellule que Monfils avait tellement voulu préserver en 2016 qu'il n'avait fait qu'esquiver les questions précises sur son mode de fonctionnement. Enfin, on les voyait tous au travail ailleurs que sur un court d'entraînement en plein tournoi !
Nous voilà embarqués, de l'hôtel Epic, pour les joutes en salle de gym, jusqu'à Key Biscayne, pour le tennis, en suivant Brickell Avenue lors du court trajet de downtown qui mène aux terrains de la presqu'île qui accueille le Masters 1000 de Miami en mars. Alors ? On en gardera l'idée qu'on peut aligner les énormes mites en coup droit au rythme du reggaeton. Que les décibels peuvent sortir du petit haut-parleur portable, produits par J. Balvin ou Nicky Jam, sans que cela nuise à l'intensité des séances. Quand il sent que ça va être dur, Monfils fait parfois cracher la musique pour se donner du courage. Quand il sent qu'il veut rire, le voilà qu'il sort et ressort à tout propos ce petit remix hilarant, tel un jingle taquin, où l'on écoute en écho un passager énervé à bord d'un avion en train d'hurler, avec l'accent marqué, « les nerfs sont tendus ! » (lire « tendi »).
Avec ce refrain, son tube du moment, Monfils provoque Tillström, pas le plus volcanique des coaches, qui se met pourtant aussi à se déhancher. On ne peut pas mieux souligner cette évidence que le petit groupe de Gaël, Gat' et Mikki vit dans une atmosphère très complice. C'est cadré, mais rythmé. Éreintant et distrayant. Après le bloc foncier d'une semaine sur une piste d'athlétisme à Miami, ce jeudi 29 décembre marquait l'amorce du cycle du travail en explosivité, avec exercices intégrés sur le court. Un tableau en neuf actes pour forçat, genre Koh Lanta floridien, avec des décalages en coup droit intercalés avec des gainages obliques, des pompes avant de servir et toute sorte d'alternance sadique entre frappes et efforts sans raquette.
Sans oublier le petit plus maison, la suprême torture imaginée par Gaëtan Olivier imposant par séquence le port d'un masque recréant les conditions d'une altitude à 1 800 m. Pour en baver, Gaël « Hannibal Lecter » Monfils en a bavé. « C'est souvent utilisé par les skieurs de fond, notamment, détaille Olivier. Ça bouscule les habitudes respiratoires en faisant prendre conscience de l'importance de respirer en plein effort. Ça aboutit à une dette d'oxygène qui permet de muscler le diaphragme et la cage thoracique. »
« C'est un jeu qui pompe de l'énergie dans les jambes mais Gaël est en bien meilleure condition physique qu'il y a un an »
Paré pour sa troisième année avec Monfils, Gaëtan Olivier est l'homme des petits plus qui soulagent le corps et l'esprit, avec une formation qu'il vient de terminer en préparation mentale de sportif de haut niveau. Tôt le matin à Miami, c'est An Mo (massage), Ban Fa (étirement) et Dong Fa (mobilisation), avant le fameux « training mask » sur le court pour repousser les limites d'un corps régénéré. Le tennisman a trouvé en cet adepte de la médecine chinoise un complice qu'il respecte sûrement pour avoir soulagé ses douleurs récurrentes aux genoux, mais aussi pour ses performances d'athlète accompli en ultra-trail. Seul petit hic, les deux hommes n'arrivent pas à se mettre d'accord sur le port de la ceinture cardio. Toujours à l'affût d'un défi, on aurait imaginé Monfils scrutant sans fin les données chiffrées matérialisant ses progrès physiques. En fait, non. « Gaël n'est pas chiffres, dit Olivier. Rationnel comme je suis, vous pensez bien que j'étais arrivé avec mes tableaux et ma ceinture, mais ce n'est pas quelque chose sur lequel il se focalise, sauf exception. Mais on voit tout de suite sur le terrain qu'il a progressé, dans sa vitesse de réaction, sa puissance ou sa manière de récupérer après un point dur. »
Avec coach Tillström, le but est d'utiliser cette nouvelle puissance pour optimiser un attirail de plus en plus offensif. Les exercices privilégiés sous les regards des palmiers ne laissent pas de place au doute. Travail d'appui pour les décalages en coup droit, répétitions de premières frappes lourdes après le service, gamme de retours vigoureux, ateliers de volées où le coach insiste sur « le petit pas d'allègement et ces jambes à bien écarter », c'est une scénarisation d'un tennis de plus en plus agressif qui s'écrit. « C'est un jeu qui pompe de l'énergie dans les jambes mais Gaël est en bien meilleure condition physique qu'il y a un an, dit le Suédois. Il a aussi beaucoup plus de puissance dans son revers, il contrôle mieux le revers long de ligne qui évite de faire trop de revers croisés de défense et ceci le place dans une position où il a moins d'efforts à faire sur le court. »
Loin du Miami bling-bling, il ne fallait donc pas espérer voir Monfils sur des rollers à Miami Beach, ni cruisant sur un yacht dans la baie. La pose dans la piscine ou dans la mer ? Très peu pour lui. À Miami, il n'a pas tapé à l'entraînement avec Andy Murray, résident lui aussi, mais un peu avec Verdasco ou Fognini, et surtout avec Albot (98e mondial), un Moldave bien charpenté. « Radu, je l'adore, rigole Monfils. Très physique. Une qualité de balle incroyable pour les gammes. » Et s'il lui arrive de rapiner un point par-ci par-là à l'entraînement, ça permet juste d'enflammer les débriefings pendant le repas.
« Je me suis toujours dit que j'aurais un pied-à-terre ici »
À Miami, Monfils n'a pas non plus sacrifié à la mode des footings ensablés. Mais il vous raconte par le menu tous les détails de l'agonie de son cousin Jérémy qui s'est essayé à le suivre sur les séries des 400 m sur la piste d'athlé. À quelques encâblures de ses Antilles natales, Miami est la base préférentielle du Français pour se ressourcer. « Depuis l'Orange Bowl en cadets, je me suis toujours dit que j'aurais un pied-à-terre ici. J'aime le style de vie, les petits matches de NBA. À trois heures d'avion, je peux faire un break si je veux aller voir mon père (en Guadeloupe). Cette année, j'ai fait un petit saut pour passer dire bonjour à Tony (Parker) à San Antonio. Avec Tarik (Benhabilès), on y avait passé neuf mois quand j'étais plus jeune. Philippe Manicom (son ancien soigneur) vivait là aussi. Avant ma demi-finale à Roland, on était venu passer quelques jours ici avec Champion. Comme Mikki (Tillström) a l'habitude de passer ses vacances à Naples (une autre ville de Floride), on combine le truc, quoi... »
Cette année, des cousins sont passés le voir, dont quelques-uns « dans la fête », basés à Miami Beach, loin du clan des forçats. Darryl (son frère à l'université en Virginie), Jérémy (le cousin plus téméraire du sprint long), Arash (le copain de Genève) n'étaient pas loin pour un soutien plus actif. C'est une logistique lourde pour loger tout ce petit monde, surtout quand un ami qui a promis une maison ne répond plus aux messages. On a donc vu aussi à Miami Monfils le chef de clan, responsable des uns et des autres, faire la navette entre les hôtels en tentant de trouver des solutions d'hébergement. « Un vrai K.-O. », se marrait-il alors que la soirée était bien entamée. Et qu'il fallait se lever aux aurores le lendemain.
(*) La cellule comprend aussi son agent Nicolas Lamperin et sa chargée de presse Marina Gauthier.
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Tetef007 - 14 janv. à 18:10
J'attendais ton commentaire Le Gaulois; merci, ça donne la pêche !!Bon week end
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nicoyoho - 14 janv. à 16:43
Ce n'est pas en faisant des super sauts spectaculaires qui va gagner mais il reste un des joueurs les plus spectaculaires tout de même!
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Jazzy-Blues. - 14 janv. à 16:53
nicoyoho. Ses sauts font partie de sa préparation et de son style de jeu. C´est sa mise en train pour échauffer les muscles et les tendons de ses articulations. Je souhaite qu´il aille le plus loin possible dans la compète. Le voir jouer est un régal !!!
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Hogganbeck - 14 janv. à 15:39
Et bien moi je pense que Gaël peut encore gagner un grand Chelem. Bien sûr il faut faire vite mais c'est encore jouable. Et puis si il le faisait, ce ne serait pas banal!
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fazen - 14 janv. à 12:23
Avec un peu de chance, il passera 1 tour !!
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